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2009 | 2024 |
Souvenirs, souvenirs
Une enfance heureuse
J'avais 5 ans.
Papa et maman étaient là. Ils prenaient tout leur temps, le dimanche soir pour ma sœur de 4 ans, Liliane. Pour nous, c'était Lili, cette Lilli bien-aimée, un peu terrible à cet âge. Elle me donnait bien du souci quand elle courait jusqu'à la route et que maman m'avait dit de veiller sur elle.
Oui, le dimanche soir, c'était le bon moment; papa n'était pas dans sa forge. Il était tout à nous. Je le vois encore étendu sur le canapé, faisant semblant de dormir. Et moi, je sautais sur lui. Un jour, j'essaie de le pousser, de le faire tomber du canapé. Il se laisse faire et fait le mort. Ça a été la peur de ma vie d'enfant. Assez vite, papa s'en rend compte et me rassure.
Une enfance heureuse: après ma sœur, trois petits frères sont nés, dans l'espace de trois ans. Le premier, Serge, mort à la naissance. Ce fut mon premier chagrin, dont je me souviens. Je vois encore ce cercueil, partir de la maison.
Et puis, il y eut Claude; une année plus tard, un nouveau Serge qui va nous quitter, lui aussi pour le ciel. Il avait trois mois.
Ecole primaire
La vie continue. Arrive le moment d'aller à l'école. J'avais 7 ans. Comme institutrice j'ai eu Sœur Marie du Calvaire. Assez sévère, mais je l'aimais bien. Après mes parents, elle m'a marqué pour la vie.
J'étais en 2e année d'école primaire. Lorsque j'ai pensé pour la première fois que je pourrais devenir curé.
Une heure par semaine, Sœur Marie nous lisait la vie de Guy de Fontgalland.
Un enfant très pieux. J'essayais de l'imiter. A la messe le dimanche, nous étions les garçons de 1ère et 2e année, dans les stalles. Nous voyions de tout près M. Le curé Paul Galley dire la messe. Mais en voyant le sacristain aller faire la quête, je me disais: « Moi aussi, pour gagner beaucoup de sous, je veux me faire curé ». De cette idée, j'en suis revenu: je suis devenu curé, mais quant à gagner beaucoup de sous, c'est une autre chose.
Je n'étais, bien sur, pas insensible au sourire d'une belle et gentille jeune fille. Mais j'avais le sentiment que pour suivre cet appel intérieur, pour être heureux aussi, il me fallait choisir la prêtrise. Je le faisais par amour pour ce Jésus dont on me parlait à la maison et à l'école. Sœur Marie, notre institutrice, nous lisait, le dernier jour de la semaine, pendant trente minutes, la vie d'un saint." ...et si j'essayais de l'imiter, en aimant Dieu, comme lui..."
En famille
Nous étions pauvres mais nous avons toujours mangé à notre faim. Maman, bonne cuisinière, s'en sortait très bien. Grâce au jardin potager qu'elle cultivait, elle nous préparait de si bonnes soupes aux légumes, des röstis (hum…, j'en ai encore le goût à la bouche).
Papa ne comptait pas les heures de travail. Levé de bonne heure et puis, après le petit déjeuner, sans tarder, il se rendait dans sa forge. Des journées bien remplies, à ferrer les chevaux, à réparer les outils de toutes sortes.
Papa aimait la vie; toujours de bonne humeur, il était accueillant envers tous, il avait un bon mot pour chacun, chacune. Même quand il était fatigué, il savait encore rigoler, avait le souci de faire passer de bons moments à ses clients en leur racontant une nouvelle "gouguenette".
Merci, papa; tu m'as beaucoup donné par ton art de voir toujours le beau côté de la vie. Tu ne pensais qu'à faire plaisir, qu'à rendre service. Pour contenter tes clients, tu as souvent travaillé bien tard le soir. Oh! Ce n'était pas pour t'enrichir; bien au contraire, tu ne savais pas augmenter les prix. Ton souci, c'était de faire plaisir aux autres.
C'était pendant la guerre de 1939-1945. Beaucoup n'avaient plus d'argent. Tu étais bien mal payé pour ton travail. Pour nous en sortir, maman a eu l'occasion de louer une épicerie. Accueillante elle aussi à tous, elle a pu redresser la situation et petit-à-petit, les soucis d'argent ont diminué.
Tous vos soucis, vous avez bien essayé de les cacher à vos enfants. Vous vouliez que nous soyions heureux, mes frères, ma sœur Liliane et moi. Et nous l'avons été parce que vous nous avez tant aimés.
Ma famille, mes ami(e)s: la vie est belle! Dans la famille des Stöckli, il y en a eu, de tout temps, qui ont aimé les voyages: partit, aller visiter d'autres pays. En ce moment, j'ai un neveu, Laurent, à Los Angeles, en Californie. Il y est depuis septembre 2000.
Réunion de famille
Quand j'étais curé à Orsonnens, j'ai rassemblé ma famille. Il en est venu de la Suisse Allemande, de l'Angleterre, de l'Amérique du Sud. Nous avions organisé un pique-nique (jambon pour tous) au pied du mont Gibloux, au-dessus de Villargiroud. On était rassemblé par petits groupes. Je me déplaçais d'un groupe à l'autre. Ici j'essayais de parler en allemand, avec de la peine pour me faire comprendre ou pour saisir ce que les cousins me disaient. Dans un autre groupe, des cousines pour la plupart, j'avais beau parler en français ou en allemand, personne ne me comprenait. D'un peu plus loin, un oncle me criait: "Ces cousines-là ne parlent que l'espagnol". Elles étaient en vacances en Suisse mais venaient de l'Amérique du Sud.
Leurs parents avaient quitté la Suisse depuis plus de 20 ans. Leur papa, fils de mon oncle Edouard, je ne l'avais jamais vu avant cette réunion de famille.
Les Wicht
Quant à la famille de ma maman, les Wicht avaient quitté Montévraz en 1929 pour aller s'établir dans le Jura, à Courgenay tenir le domaine de la "Vacherie-Mouillard", bien éloigné du village.
Trois ans plus tard, la famille Wicht ira s'établir à Boncourt. C'est là que, dés mon jeune âge, j'allais chaque année en vacances. Que de souvenirs! J'étais le premier de petits fils à François, son préféré, choyé aussi par mes oncles et mes tantes surtout. Petit-à-petit, la famille Wicht s'agrandit. Pour venir à ma première messe, à Praroman, ils ont réservé un grand autocar. C'était fête le dimanche et le lundi, il y avait le mariage de Marie-Thérèse, la fille de ma mère spirituelle.
Les dernières années d'école primaire
Et me voici en 3e année d'école primaire, chez Monsieur le Régent Léon Rossier. Il était sévère mais juste, un bon instituteur avec qui il fallait travailler. J'en garde un bon souvenir.
Certains jours, notre ami André avait décidé d'amuser la galerie. "André, va au fonds de la classe, à genoux devant le mur". André était là-bas tout tranquille. C'était louche: tourné vers le mur, on aurait dit qu'il écrivait. Il avait en main son crayon d'ardoise. Il était, je crois en aluminium. "Que fais-tu, André?" lui dit l'instituteur. "Je fais un trou dans le mur pour sortir". Eclats de rire, bien sûr. André est mis à la porte.
Pendant ce temps, il était sorti, avait été jusqu'au poulailler. Il endormait les poules en leur mettant la tête sous les ailes, il les secouait, les tournait pendant un certain temps, jusqu'à ce qu'elles s'endorment.
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Mon enfance |
Un peu plus tard, André était de nouveau en classe. C'était Jeanne au Régent qui venait frapper à la porte de la classe: "Papa, toutes les poules sont crevées… "
En réalité, elles n'étaient qu'endormies.
Entrée au petit séminaire Saint-Charles à Romont
Bientôt, j'avais treize ans, arriva le moment de prendre une grande décision. Mon idée de devenir curé avait fait son chemin. Je partis pour Romont au pensionnat Saint Charles, petit séminaire, à l'internat, bien sûr. Les premiers temps, il m'est arrivé de verser quelques larmes, le soir, au lit. Ma famille me paraissait être bien loin, et je les aimais tant, maman, papa, mes frères et sœur. Comme frère, il y avait encore Philippe. Il avait 4 ans. Je le vois encore courir à Romont, sur les remparts - il était venu me trouver avec maman, un jour de la foire de Romont. On avait congé ce jour-là. Je vois Philippe courir et tomber dans la boue…
Le temps des études se passera bien, mais il fallait travailler sérieusement pour m'en sortir sans trop de peine. Les copains… c'était devenu une seconde famille. Nous serons quatre à entrer au séminaire, après quatre ans à Romont, quatre ans à Saint-Michel. Ces bons amis, Marc, Maurice, Guy vont, avec moi, devenir prêtre.
Bien sûr, il y aurait beaucoup à dire sur ces huit ans de collège. Je suis tout spécialement reconnaissant à ceux qui furent mes directeurs spirituels, les abbés Jean Vermot, à Romont et Joseph Gachet, à Fribourg.
Huit ans de collège
Les quatre premières années, au Pensionnat Saint-Charles, à Romont, nous avons reçu, grâce à des professeurs compétents, un bon bagage, pour ensuite entrer au Collège Saint-Michel, à Fribourg.
Durant ces années d'internat, la vie de famille m'a beaucoup manqué. Je garde cependant un très bon souvenir des camarades de collège. Mais c'est au séminaire que petit-à-petit une amitié de plus en plus profonde et durable naîtra entre nous.
Quant à ma vocation, je dois beaucoup aussi à mon grand oncle, prêtre, Monsieur le Doyen Maurice Schorderet que j'avais choisi pour être mon Père spirituel. Ma tante Marie-Rose était heureuse de devenir ma mère spirituelle.
Quelle émotion: quelques jours avant ma première messe, elle était tombée d'un char de foin, se faisant un trou à la tête. C'est pourquoi, sur les photos-souvenirs, on peut la voir encore avec un large chapeau noir.
Je deviens prêtre
Le 30 juin 1957, je recevais l'ordination sacerdotale avec 11 autres confrères à l'église du collège Saint-Michel, à Fribourg. Une semaine plus tard, c'est dans l'église de Praroman que je célébrais ma première messe. C'était la fête dans toute la paroisse, encore le temps des arcs de triomphe, des guirlandes, et des fleurs en quantité devant toutes les maisons. Jour de joie pour tous, et surtout pour maman et papa, ma sœur Liliane, mes frères Claude et Philippe.
Quelques semaines plus tard, j'étais nommé vicaire à Cernier, canton de Neuchâtel, une paroisse très étendue, le Val-de-Ruz. Les catholiques ne faisaient qu'un cinquième de la population, à peine 2000 âmes.
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Abbé Stoeckli |
J'ai beaucoup aimé ce ministère en pays mixte. Plusieurs heures de catéchisme aux enfants, chaque semaine, à différents endroits: Cernier, Les Genevey-sur-Coffrane, Dombresson. Je me souviens aussi des bons moments passés, en rencontres avec les jeunes. Je partais, le soir, en moto, de Cernier pour aller les rejoindre aux Geneveys, zigzagant dans la neige. Que sont-ils devenus tous ces jeunes? Mariés depuis bien longtemps, je pense, pour la plupart. Peut-être divorcés? Ou devenus grand-maman, grand-papa.
Après 4 ans passés dans le Val-de-Ruz où j'ai rencontré beaucoup de fribourgeois, au cours des nombreuses visites de familles que je faisais. Pendant longtemps, j'ai gardé quelques contacts avec certaines familles, les Jaccot, les Ferrari, les Chopard, de vrais amis.
En 1961, je revenais dans le canton de Fribourg, à Prez-vers-Noréaz. C'était le temps où les curés étaient encore nombreux!
L'amitié
C'est important, très important.
Avec ma famille, les amies, les amis ont joué dans ma vie un rôle indispensable. "L'homme n'est pas fait pour être seul". De par ma vocation, n'étant pas marié, je n'ai pas souffert de la solitude.
Si je ne m'étais pas fait prêtre, je me serais certainement marié. J'aurais choisi pour épouse la plus jolie et gentille fille de mon village d'enfance. Et on aurait eu des enfants, oh oui !
Mais je sentais bien que Dieu m'appelait à la prêtrise. La vocation au sacerdoce? Ca ne s'explique pas. Ca se vit. Et je suis un prêtre heureux. Quelle joie de pouvoir redire à mes sœurs et à mes frères qui souffrent que Dieu est Amour! Et il faut bien toute une vie souvent pour le découvrir.
Huit ans de collège
Les quatre premières années, au Pensionnat Saint-Charles, à Romont. Nous avons reçu, grâce à des professeurs compétents, un bon bagage, pour entrer ensuite au collège Saint-Michel, à Fribourg.
Durant toutes ces années d'internat, la vie de famille m'a beaucoup manqué. Je garde cependant un très bon souvenir des camarades de collège. C'est au séminaire que petit-à-petit une amitié de plus en plus profonde et durable naîtra entre nous.
Après 50 ans de sacerdoce, je rencontre encore régulièrement quelques-uns d'entre eux. Pour Marc, Louis, Michel et moi-même, ça compte la marche de la plupart des lundis, après la surprise du bon repas que Marc nous a préparé. Il y a quelques années, Bernard faisait partie de notre équipe. Il habite maintenant à La Chaux-de-Fonds.
Un lundi par mois, je renonce à la marche, j'abandonne mes amis marcheurs pour retrouver mes amis "yasseurs". Il y a parmi eux Joseph, André, Georges et Denise qui est comme une sœur pour chacun de nous. Jusqu'en 1987, il y avait encore Gaby, décédé bien trop jeune, à 57 ans; lui le boute-en-train de l'équipe.
Et que dire de la plus belle amitié que j'ai vécue avec Lily, paralysée depuis plus de 50 ans.
L'influence des amis dans ma vie, en premier, Lily
J'étais au séminaire 1952-1957.
Nous étions un petit groupe à visiter des malades et des personnes âgées dont Lily qui habitait chez ses parents, à la Basse-ville, rue d'Or.
Lily avait été sage-femme durant 6 ans environ à l'ancien Hôpital des Bourgeois. Le soir, rentrée à la maison, elle était souvent appelée à la Basse-ville, par des familles dont la maman allait probablement accoucher cette nuit-là. Lily répondait toujours oui. Elle aimait vraiment son métier, y mettant tout son cœur.
Un jour, Lily ressent des douleurs dans la nuque. Elle devient petit-à-petit paralysée. Toutes les articulations sont attaquées par une maladie, alors inconnue. Elle doit abandonner son travail qu'elle aimait tant.
La maladie s'aggrave de plus en plus. Souvent hospitalisée, elle devra se rendre à l'évidence: il n'y aura pas de guérison possible. Elle passera de nombreuses années à la maison, auprès de ses parents. Avec quel amour ils vont l'entourer, lui prodiguant les soins qu'elle peut encore recevoir.
Quand j'ai rencontré Lily pour la première fois, elle était déjà couchée dans un lit. Il y a bientôt 60 ans. Elle a eu l'occasion de sortir parfois de sa chambre. Avec Marco, le frère d'une autre amie handicapée, nous avons commandé un taxi pour aller souper avec Lily au Gambrinus. Il fallait un taxi qui soit bien large, car Lily était couchée à l'arrière du taxi, toute raide comme une planche. Marco et moi-même, sommes entrés avec elle, la portant dans nos bras, au Gambrinus, restaurant 1ère classe. On n'a pas eu à demander le silence, vous pouvez le croire.
Heureusement, au fond du restaurant, il y avait un banc rembourré sur lequel nous avons étendu Lily. Nous avons commencé notre repas par manger des escargots. Cette entrée convenait bien à Lily et à nous aussi.
Et nous voilà en 1957. Le 30 juin, je célébrais ma première messe à Praroman. Lily, bien sûr, était de la fête.
Couchée sur un brancard posé à même le sol, au chœur de l'église, Lily était là. Avec tous les merveilleux souvenirs de cette journée, celui de la présence de Lily était le plus marquant. Lily sera présente aussi, bien sûr, au banquet qui suivra, sur son brancard, placé au bout d'une table.
Et les années ont passé, plus de 50 ans puisque nous sommes en 2010. Lily est toujours en vie. Je vais la visiter, le samedi soir, généralement, au home de la Sarine.
Lily est ma merveilleuse amie. Elle m'appelle son petit frère. Elle est mon aînée d'ailleurs, de 10 ans. Une telle amitié, c'est précieux dans la vie, dans la vie d'un prêtre spécialement. Je peux compter sur ses prières.
Homélie de la messe d'adieu de Lily, le 30 juin 2010.
Lily nous a quittés pour un monde merveilleux. Elle s’en est allée là où il n’y a plus de pleurs de cris, ni de tristesse. Apoe 21.
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Lily |
Avec quelle tendresse Dieu le père a dû l’accueillir ! La vie de Lily, une vie bien remplie, une vie d’Amour ! Lily avait une vingtaine d’années quand elle devint sage-femme. Quelle volonté pour arriver là où elle avait décidé de parvenir ! Et avec quel amour elle exerça cette profession pendant six ans, à l’hôpital des Bourgeois et aussi à domicile, spécialement en Basse Ville, là où elle habitait avec ses parents.
Petit à petit, ses forces vont diminuer. Est-ce une paralysie des articulations ?
Quand j’ai rencontré Lily pour la première fois, sa maladie, son handicap prenait une tournure de plus en plus grave. Il y a maintenant 55 ans que je connais Lily.
Soutenue par une force invisible qui n’est autre que sa foi au Crucifié du Calvaire, Lily est devenue la confidente, l’amie de nombreuses personnes. Il est impossible de se faire une idée des souffrances physiques et morales qui furent les tiennes, ô Lily bien-aimée ô toi qui m’appelais ton p’tit frère. Mais plus grand encore l’Amour que tu avais pour tous ceux et celles qui on eu le bonheur de t’approcher. Les premiers à en bénéficier furent, bien sûr, les membres de ta famille. Tu les aimais et ils t’aimaient. Et quel était le secret du rayonnement de ta vie ? Sans hésiter, je dirais que c’est ta foi en l’Amour de Dieu pour toi.
Comme le Christ a dit à ses disciples (Jean 14, 1-6), le Christ te dit, bien chère Lily, ma grande sœur : « Ta place est préparée auprès de Marie, ma Maman, qui est aussi la tienne et que tu as tant aimée. » (Lourdes)
« Viens à moi. Je suis le chemin, la vérité et la vie. Entre dans la joie de ton Dieu pour rencontrer tous ceux et celles que tu as aidés sur la terre et qui t’attendent au Royaume de l’Amour. »
Il te dit : « Ta place est préparée auprès de Marie, ma Maman, qui est aussi la tienne et que tu as tant aimée, viens à moi; Je suis le chemin, la vérité et la vie. Entre dans la joie de ton Dieu pour rencontrer tous ceux et celles que tu as aidés sur la terre et qui t’attendent au Royaume de l’AMOUR.
Découverte du désert
Merci à Bernadette, notre guide! Grâce à toi, j'ai eu de la chance de découvrir le désert du Sahara, en octobre 2000, puis à nouveau en octobre 2002.
Des couchers de soleils grandioses et les étoiles par milliers, de différentes grandeurs. Et la marche entre les dunes, par moment à la queue leu leu, donnant à chacun l'occasion de méditer dans le grand silence du désert. Je me souviens encore du dialogue que j'ai eu avec toi, Nathalie. Et avec toi, Bernadette, que de confidences nous nous sommes faites à l'occasion de tous ces repas pris ensemble à l'hôpital!
Merci à tous pour les bons souvenirs de ce temps passé au désert du Sahara. Merci Jean, Michèle, Marianne, Bernadette. Nous n'avons pas eu, bien sûr, des jours de tout repos. J'ai failli même y laisser ma vie. J'en suis sorti, Bernadette, grâce à tes remèdes homéopathiques et aux cubes de Maggi que tu as emmenés avec toi.
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Au Sahara |
Devenir prêtre, c'est dire non à fonder une famille
Ayant suivi cet appel au sacerdoce, je savais que je devais renoncer à avoir une épouse et des enfants. C'était un choix à faire. Je ressentais assez fortement cet appel au sacerdoce. Il me fallait le suivre, sinon, je ne serais pas vraiment heureux. C'est là que Dieu m'appelait. J'ai fait le pas décisif et je ne l'ai jamais regretté.
Environ une dizaine d'années s'étaient écoulées lorsque j'ai fait la rencontre de Marie. Vicaire à Chêne-Bourg, j'avais été demandé par un abbé, de devenir avec lui, à Genève, aumônier de la Fraternité des Malades et Handicapés.
C'est là que j'ai rencontré une responsable de cette Fraternité, Marie. J'ai pu admirer son dévouement, sa gentillesse envers tous les "cabossés" de cette vie.
Après deux ans, j'ai quitté Chêne-Bourg pour devenir vicaire à la Tour-de-Trême. Invité par Louise, j'étais revenu à Genève passer une soirée chez elle avec Thérèse de Vuippens et l'abbé Bourqui, aumônier à l'hôpital de Riaz.
Nous voilà chez Louise. Sans tarder, elle me dit: "J'ai invité Marie pour passer la soirée avec nous". Et Louise d'ajouter: "Tu sais, elle vient pour toi, elle t'aime bien". Cette déclaration ne m'a pas laissé insensible.
Marie arrive. Elle avait mis ses plus beaux habits. Ce fut le coup de foudre, mais sans conséquences.
Cette rencontre m'a cependant ébranlé quelque peu. J'y ai repensé à l'occasion. Mais je me suis dit: "Tu es un prêtre heureux, restes-y!"
Et c'est à ma famille, aux enfants de ma sœur Liliane et de mon beau-frère Philippe que je dois, pour une grande part, d'être resté fidèle à ma vocation de prêtre. Dans leurs familles, je me trouvais bien chez moi, pendant ces années importantes que sont les premières années du sacerdoce.
Et il y eut beaucoup de familles amies qui m'ont aidé, par l'accueil que j'ai toujours trouvé chez elles, à garder la joie de vivre.
Aumônier à l'hôpital cantonal de Fribourg
Le plus beau ministère que j'ai exercé, c'est à l'hôpital cantonal, à Fribourg. Pas toujours facile, mais c'est là surtout que l'occasion m'a été donnée de révéler le vrai visage de Dieu, de ce Dieu qui nous aime tels que nous sommes.
Souvenirs de quelques rencontres que je n'oublierai pas:
Une jeune fille avait tenté de se suicider à plusieurs reprises. Elle arrive à l'hôpital une nouvelle fois, en pleine nuit. On m'appelle. Je la retrouve. Sachant qu'elle avait été baptisée et qu'elle avait reçu une éducation chrétienne, je lui demande:
- Est-ce que vous croyez que Dieu vous aime?
- Non!
- Croyez-vous que la souffrance vient de Dieu?
- Oui
Et moi de répondre:
- Non, je ne suis pas d'accord. Le Christ était aussi un homme, il a aussi connu la souffrance. Sa vie a mal fini, sur une croix. Et pourtant, Il insistait. "Comme le Père m'aime, moi aussi je vous aimes. Il est vrai qu'Il aime particulièrement les faibles, les pauvres, les souffrants, les pêcheurs. Il t'aime. Ceux qui croient à Son amour reçoivent de la force pour repartir.
Autres rencontres
Madame X. me connaissait depuis plusieurs années déjà. J'avais béni son mariage, baptisé ses enfants. C'était un samedi soir vers 21 heures, le téléphone sonne: "Gérard, viens vite, mon mari veut me tuer…"
- Et comment, que me dis-tu ?
- Mais oui, viens vite.
Prenant mon courage à deux mains, je pars. J'en ai pour une demi-heure de voiture. Je sonne à la porte de la personne qui m'a appelé au secours et je rentre. Tout était redevenu calme. Le mari était couché sur le canapé, tout tranquille, mais son fusil était encore près de lui.
Il va se passer encore plus d'une année avant le divorce. C'était la seule solution possible. Pour la maman et les trois enfants, c'était une vie d'enfer. Mais, j'admire encore le courage de cette épouse. Toute seule, elle a continué d'élever ses enfants en allant tard le soir faire différents travaux.
Lucette, quelle femme exceptionnelle !
Après une enfance bien malheureuse, abandonnée par sa maman, elle est placée dans un orphelinat. Elle avait 18 ans, quand je l'ai rencontrée pour la première fois. Elle avait trouvé un petit travail qui lui permettait d'être indépendante, un pauvre appartement de deux pièces, mais elle y était bien, jusqu'au jour où Madame la propriétaire commence à lui rendre la vie impossible. C'était, hélas, une méchante femme. Elle aurait même assommé un vieux domestique. Un témoin l'a aperçue, dans la nuit, disparaître, traînant un lourd fardeau pour aller … . Ce domestique a été porté disparu. Quant au témoin, craignant pour sa vie, il a gardé le secret pour lui.
Lucette est maintenant mariée. Elle a de nombreux ennuis de santé, mais elle a la joie d'avoir eu, avec son époux, un beau garçon qui leur fait plaisir.
Paul
Dans ma vie de prêtre, j'ai vécu d'autres épisodes pénibles. Un lundi matin, vers 7 heures 30, le téléphone sonne. C'était la police. On me demandait d'aller avertir telle famille de la mort accidentelle d'un de leur fils. Rentrant d'une soirée, d'un souper offert par l'entreprise, Paul avait manqué un virage. Il avait descendu un talus. Un piquet avait traversé la carcasse de sa voiture pour s'enfoncer dans la poitrine de son chauffeur.
Il me fallait dire à la maman, restée seule à la maison, que son fils avait eu ce terrible accident. "Bonjour, Monsieur le Curé, déjà là? Vous venez nous trouver de bon matin". C'était une maman qui m'aimait bien. Elle avait déjà eu l'occasion de me parler de ces soucis, cette maman de cinq enfants. "Paul, me dit-elle, a eu une soirée choucroute. Et il n'est pas encore rentré". "Paul a eu un accident", lui dis-je. "Est-ce grave? Est-il encore en vie ?" "Hélas, non, chère Maman!" Je la laisse pleurer. C'est la douleur d'une maman qui s'exprime, mais sans révolte.
D'autres fois encore, j'ai dû aller avertir des familles de la mort de leurs jeunes enfants. Pas facile!
Mon frère Claude
Dans ma famille aussi… il y a eu la mort accidentelle de mon frère Claude, il avait 57 ans! Claude, c'était Claude… Difficile à définir! Difficile pour moi d'en parler. Je suis son frère. Et je l'aime. Il a eu une grande place dans ma vie.
Parmi tous ses enfants, une maman aime tout spécialement celui qui, dans la vie, va le plus souffrir, de par sa faute ou à cause de sa trop grande sensibilité, parce qu’incompris, critiqué et pourtant aimé.
Pour aider quelqu'un à sortir de sa prison intérieure qu'il s'est fabriqué lui-même (croyant n'avoir pas besoin des autres) il faut l'aimer. On sauve quelqu'un en l'aimant, comme le fait le Christ.
C'est là ma joie: le Christ nous aime tels que nous sommes. Dieu est Amour. Il nous a créés à son image. Il ne pouvait pas nous créer autrement qu'en nous donnant la liberté. Comment vais-je employer cette liberté? Claude avait soif de liberté, soif d'amour. Merci à vous qui l'avez aimé, mes frères et sœurs, Solange et vous tous qui pouvez dire oui, je l'ai aimé.
Claude, je t'ai cherché. Je t'aime. Et maintenant, tout serait fini ?
Ma foi au Christ me dit le contraire. "Je suis la résurrection et la vie", me dit Jésus. "Celui qui croit en moi, vivra pour toujours". Oui, Seigneur, je crois, viens en aide à mon manque de foi.
Devant la mort brutale de Claude, j'ai envie de dire que tout est fini. Mais toi, Jésus, tu me dis: "Je suis là pour accueillir cette brebis qui m'en a fait voir. Et je l'aime d'autant plus".
J'ai besoin de votre prière, de votre amitié pour repartir, pour me confier au Christ qui est toute ma vie. La Parabole du Père miséricordieux doit nous aider à repartir. A son fils qui lui disait: "Laisse-moi partir", le Père, parce qu'il l'aimait, ne pouvait rien faire pour le retenir. Il devait respecter sa liberté.
Et vous savez combien ce fils est devenu malheureux. Au fond de sa misère, il s'est dit: " Je retournerai vers mon Père et je lui dirai: Père, j'ai péché contre le ciel et contre toi. Je reconnais que j'ai eu tort. Prends-moi pour un domestique".
Et vous savez comment ce bon Père a accueilli son fils qui avait tant souffert? "Allez, tuez le veau gras, festoyons! Il est revenu mon fils, celui pour qui j'avais une prédilection toute spéciale".
Claude, tu as souvent dit que tu allais mourir à 57 ans comme papa Célestin. Et je crois que tu vas retrouver papa Célestin. Je crois en cet Ami qui est mon Ami, qui s'appelle Jésus. Et je sais qu'Il ne peut pas ne pas t'accueillir, te serrer dans ses bras, toi mon frère Claude!
Tante Gaby
Et le décès de ma tante Gaby… assassinée dans son magasin. Le plus terrible pour la famille. Tante Gaby, c'était un paquet de nerfs. Elle aimait ses clients, elle aimait le contact.
Un soir vers 19 heures, un nord-africain entre au magasin, demande à ma tante si elle avait des couteaux. Saisissant un couteau, il se jette sur elle et la frappe de plusieurs coups. Tante Gaby a dû se défendre à mort: il a avait du sang partout.
Une heure plus tard, l'assassin était arrêté. Mais tante Gaby était morte.
Mon collègue aumônier
A l'hôpital, j'ai passé les plus belles années de ma vie. Nous étions deux aumôniers catholiques, travaillant à plein temps: l'abbé Louis Allemann et moi-même. Nous avions droit chacun à deux jours de congé par semaine, de quoi nous remettre des émotions accumulées. Deux jours par semaine, nous nous retrouvions pour dîner ensemble avec Madame Frieda Kramer, pasteure, de l'aumônerie réformée. De bons moments de détente. Faisant partie de l'Aumônerie, il y avait aussi Heidi Hasler. Partie en retraite, elle fut remplacée par Monique Schmutz et Nathalie Kolba-Martinoli.
Chloé
« Moi et les curés : ne m’en parlez pas » dit Chloé.
Un jour on s’est rencontré. On a fait un brin de causette, c’était à l’hôpital. « Un jour je reviendrai te trouver, tu m’as l’air sympathique» me dit-elle.
« J’étais toute petite quand maman nous a laissés, mon frère et moi, seuls avec papa pour partir à l’étranger avec le domestique, pour ne plus jamais revenir. Nous avons ensuite été placés dans un orphelinat tenu par des religieuses. Je ne les aimais pas beaucoup, bien qu’elles ne fussent pas si méchantes. Espiègle comme j’étais, je prenais un malin plaisir à leur jouer des tours et évidemment elles me punissaient.
Un beau garçon, habitant tout près de l’orphelinat, m’avait remarquée quand nous sortions pour la promenade du jeudi. Il m’a trouvée bien jolie. Il avait réussi, par ruse, à me faire sortir en cachette. Il est arrivé ce qui devait arriver : j’étais enceinte. On m’a fait quitter cet orphelinat pour une autre maison. J’ai pu garder mon enfant. J’ai revu son père et on s’est mariés. Nous nous sommes beaucoup aimés, tant aimés qu’un deuxième garçon s’annoncera. Tout ce passa bien ».
Maurice Richard
En la fête de Saint-Maurice, tu nous as quitté, Maurice bien aimé. Nous ne pouvons que deviner les souffrances que tu as endurées, soit physiques, soit morales. Tu parlais si peu, mais tu souffrais en silence. Ces derniers mois furent pour toi un vrai calvaire, comme pour ta maman, ton papa, ta sœur Denise, tes frères, leurs enfants et nous tous. Nous ne pouvions que souffrir avec toi, en silence. Voir souffrir un fils, un frère, un neveu, un oncle, sans pouvoir faire grand-chose pour lui, quelle souffrance… Pardon de ne t'avoir pas su te dire assez souvent mon amour pour toi. Tu es maintenant délivré de toute souffrance.
Tes hospitalisations m'ont permis de te connaître mieux. J'ai appris par toi combien tu aimais la nature, les excursions en haute montagne, l'été ou l'hiver, … et ton amour pour la musique, la belle musique.
Tu as fait partie de la fanfare militaire. Oui, nous te pleurons, et en même temps, nous nous réjouissons de ce que tu es délivré de tes souffrances, de ce que tu es entré maintenant dans la joie de Dieu. J'y crois fermement, je te l'ai dit, ces derniers jours, que Dieu est notre Père, un Père qui n'est que bonté et miséricorde. Il nous a donné son Fils Jésus. Il n'y a pas d'amour plus grand: ce fils Jésus nous aime tellement qu'Il a voulu vivre notre vie. Il est allé jusqu'au bout.
Jésus a accepté la souffrance pour nous, en prenant sur lui nos misères, nos souffrances, nos péchés. Il est mort sur la croix. Il nous l'a dit: "Il n'y a pas de plus grand Amour que de donner sa vie pour ses amis".
Quand nous aurions envie de dire comme Marthe à Jésus: "Seigneur, si tu avais été là, Maurice ne serait pas mort". J'étais là, nous dit ce Dieu d'amour, pour abréger vos souffrances.
Comme Jésus dit à ces disciples, Il nous dit à nous aussi: " Ne soyez donc pas bouleversés, vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, beaucoup peuvent trouver leur demeure, sinon est-ce que je vous aurais dit: je pars vous préparer une place ?"
Il doit faire bon arriver dans la maison de famille, devant Dieu son Père et sa Maman Marie, notre Dame des grâces de Montévraz. Il fait bon retrouver les siens qui nous font fête en nous accueillant dans la joie, sur la terre d'éternité.
Cher Maurice, nous croyons que tu es vivant de la grande vie de Dieu. Puisses-tu apprécier à nouveau la belle musique de là-haut, une musique qui ne joue que sur les notes de l'Amour. Sois vivant de la grande Vie de Dieu, tout en restant parmi nous. Puissions-nous continuer, dans la foi, à ressentir ton amicale présence. Pensant à toi, nous marcherons sur la route du revoir, gardant confiance dans la lutte, dans la nuit, le tunnel, car de l'autre côté, il y a la Vie, la vraie Vie, celle de Dieu et de tous nos élus, réunis dans le Seigneur ressuscité.
Que tous les élus de nos familles nous aident à repartir dans le courage et l'espérance …
Mourir accompagné
Durant les 15 ans que j'ai passés à l'Hôpital Cantonal, une rencontre qu'avait vécue l'abbé Marius Defferrard et qu'il relate dans un article, m'a beaucoup aidé dans l'accompagnement des malades et des mourants.
Un de ses amis très cher avait eu un grave accident. Il était dans tous ses états, pas seulement souffrances physiques, mais morales, familiales. L'abbé Defferrard lui a dit ceci :"Écoute, je ne sais pas que te dire, tu es dans une telle souffrance, j'ai beau être prêtre depuis plus de trente ans, je ne sais pas que te dire." Ce fut tout. Et l'abbé Defferrard d'ajouter :" Je suis resté un petit moment et je suis sorti. La deuxième fois que je l'ai vu, il m'’a dit :" Tu as de la chance de m'avoir dit l'autre jour que tu ne savais pas que me dire, parce que si tu m'avais dit la moindre petite chose sur la valeur de la souffrance, j'aurais sonné l'infirmière ou le médecin pour te mettre a la porte."
Il faut d'abord savoir écouter le patient. On n'a pas besoin de beaucoup parler aux malades et surtout pas aux mourants Il suffit parfois de leur tenir la main, il suffit d'un regard, il suffit d'ETRE là, avec Lui. Il attend une présence amicale, affectueuse.
Et n'allons pas dire que c'est la souffrance qui nous sauve. C'est le Christ qui nous sauve. Lui offrir sa vie, sa souffrance peut être une réponse a son Amour.
Dans l'accompagnement des malades, j'ai le souci de les aider à découvrir que Dieu est un Dieu d'amour. Mais ... tout doux.
Il est très important d'être respectueux de leur liberté. Quel visage donnent-ils à Dieu?"
Rencontre avec Pierre que se disait incroyant
« JE NE CROIS PAS A L'EXISTENCE DE DIEU", me disait Pierre. II était cependant d'une droiture exceptionnelle. Toujours prêt à aider les autres, à rendre service dans son milieu de travail, au dire de ses collègues, Appelé à son chevet, alors qu'il était mourant, je lui dis:"
« Pierre, me permettez-vous de faire une prière?" Oui, me dit-il." Mon Dieu, je ne crois pas en toi, mais si tu existes, fais-toi connaître à moi. Si tu existes, je suis sûr que tu es un Dieu bon, un Dieu qui veut notre bonheur." A ce moment, quelques larmes lui coulèrent sur les joues. J'ai cessé de prier. Mais j'étais dans l'admiration devant la vérité, la sincérité de cet homme, à la conscience si délicate, Quelques heures plus tard, Pierre est décédé. Il est allé, j'en suis sûr, rejoindre ce Dieu d'Amour qu'il a servi dans ses frères, sans l'avoir connu auparavant.
Et pour ceux qui auront eu le bonheur de rencontrer, déjà ici-bas, Jésus-Christ, par l'Évangile, cette Bonne Nouvelle qu'Il nous apportée, leur bonheur sera infini, lorsqu'ils le verront face à face.
"Tout ce que vous aurez fait au plus petit d'entre les miens, nous dit le Seigneur, c'est à moi que vous l'aurez fait"
Le septième pot
Un potier fit un jour sept pots qu'il aligna sur une étagère. Chaque fois que les pots étaient seuls, ils échangeaient leurs idées sur la vie, sur leur rôle, sur leurs désirs... Comme ils craignaient d'être vendus séparés, ils se firent une promesse: chaque année, durant la nuit de Noël, pendant que les gens seraient très occupés à fêter l'événement, ils s'échapperaient et viendraient se retrouver.
Le temps passa. Les sept pots furent vendus. Chacun a une personne différente. Et comme promis, la nuit de Noël, ils se retrouvèrent sur leur ancienne étagère, dans l'atelier du potier.
Le premier pot, celui qui avait la forme d'une coupe dit fièrement :" Je sers à célébrer la victoire des équipes de football. A chaque fois, on me remplit de champagne et je participe à l'euphorie de l'équipe gagnante. Je ne vis plus que pour ces moments-là."
Le deuxième pot, celui qui était décoré de riches couleurs, dit à son tour :" Ma propriétaire se sert de moi pour y déposer ses bagues, ses colliers, ses bracelets. Je ne me sens bien qu'au contact de l'or! Sans or, je suis nu !"
Le troisième pot, le plus dodu de tous, expliqua qu'il servait de plat dans un petit restaurant réputé pour sa bonne cuisine." J'ai besoin, dit-il, de me sentir rempli par de la nourriture. Cela me sécurise."
Le quatrième pot, celui qui était élancé, avait été conçu comme vase à fleurs." Je sers souvent. Je mets les fleurs en valeur. Je suis plaisant et utile."
Le cinquième pot avait la forme d'une cruche. Son propriétaire s'en servait pour aller chercher du vin à la cave. Et quand il était vide, il le remplissait bien vite." Je me suis habitué à l'ivresse que le vin me procure. J'oublie ainsi tous mes rêves non réalisés."
Le sixième pot était petit, arrondi, pourvu d'une ouverture étroite. Il servait de tirelire au fils d'un banquier." Je sais toujours avec précision combien d'argent je contiens. Je remplis une fonction rationnelle et précise."
Le septième pot, lui, était d'apparence fort simple. Quand ses amis lui demandèrent à quoi il servait, ils furent surpris d'entendre sa réponse:" A rien ! J'existe, et cela me suffit. Mon propriétaire se contente de me regarder et je sens qu'il m'aime comme je suis. Et toute la place qu'il y a au creux de moi est libre pour accueillir son amour."
Quand je pense que je voulais me faire prêtre pour gagner beaucoup de sous...
Eh oui ! J'avais huit ans. J'allais à la messe tous les dimanches ça ne se discutait pas. Je voyais le sacristain faire la quête. Je me disais :" Je vais me faire prêtre pour gagner beaucoup d'argent". Le Bon Dieu s'est dit :" Je l'aurai !" II m'a eu. Et je n'en suis pas déçu.
Maintenant encore, après 50 ans de prêtrise, ce que je fais, je le fais par amour pour le Christ. Cela ne m'empêche pas d'aimer les autres, bien au contraire. Et quand un enfant me sourit, quand la petite Eva de trois ans m'appelle" Géia" ou quand quelqu'un me témoigne de l'amitié, je remercie le Seigneur de son Amour qui s'exprime à travers cette personne qui m'a témoigné de la sympathie.
Et la force de continuer les visites que je fais auprès des malades, elle m'est donnée par l'accueil et le sourire de la plupart d'entre eux. Cette force, je la puise aussi dans la demi-heure passée à" fréquenter" le Christ dans l'oraison, à me laisser aimer par Lui car je sais qu'Il est là. II vit, le Ressuscité. II donne sens à ma vie.
La vie.... pas facile !" Et pour vous, M. l'abbé... quelle fut votre réaction devant la mort si brutale de votre frère?"
- Je constate d'abord, qu'il y en a pour tous... des épreuves. Pendant un certain temps des années peut-être on est épargné... et tout d'un coup ... patatras, c'est l'accident.
Il arriva, un jour d'hiver, où les routes étaient glissantes... ils étaient quatre, les parents et deux enfants eurent un accident de voiture. Les quatre furent transportés à l'hôpital; l'épouse était la plus atteinte, mais sa vie n'était pas en danger. Remis de l'accident, le mari expliquait que c'eût été certainement beaucoup plus grave s'ils avaient dévalé le talus très raide qui se trouvait en contrebas de la route et, prenant conscience de la chance qu'ils avaient eue dans leur malheur, il s'écria: " Il ne faut pas venir me dire qu'il n'y a pas un Bon Dieu..."
Quelques temps plus tard, un autre accident survint : il se solda par un mort et deux blessés graves, une veuve avec un enfant.
Je me disais : ces derniers ont-ils été moins protégés pour qu'il leur soit arrivé cette tragédie? Je ne pouvais pas l'admettre et je pensais que Dieu devait être encore plus proche d'eux, puisqu'ils avaient un poids plus lourd à porter.
Lumières dans ma vie
Un jour, quelqu'un me remit une feuille sur laquelle j'ai lu cette histoire:" Une nuit, un homme eut un rêve. Il rêva qu'il marchait le long d'une plage avec son Maître. Dans le ciel, comme des flashes, il vit des scènes de sa rie. Pour chaque seine, il remarqua, sur le sable, deux paires de traces de pas : l'une était la sienne, l'autre, celle de son Guide.
Lorsque la dernière scène de sa vie parut devant ses yeux, il regarda en arrière ces marques de pas sur le sable. Il remarqua que souvent, tout au long du chemin de sa vie, il n'y avait eu qu'une seule trace... Il vit aussi que cela arrivait dans les moments les plus difficiles et douloureux de sa vie. Ceci l'ennuya, et il demanda à son Maître:
" Maître, lorsque j'ai décidé de te suivre, tu m'avais dit que tu marcherais avec moi tout au long du chemin. Mais j '‘ai remarqué que pendant les moments les plus difficiles de ma vie, il y avait seulement une paire d'empreintes de pieds... Je ne comprends pas pourquoi tu m'aurais quitté lorsque j'en avais le plus besoin...
Le Maître répondit :"Mon enfant, tu as mal interprété ce que tu as vu. Il est vrai que, durant les moments heureux, je marchais à tes côtés et te montrais le chemin, mais, lorsque les choses allaient mal, c'est moi qui te portais..."
Elle m'a regardé... Elle m'a aimé...
A travers ce visage, j '‘ai rencontré l'AMOUR:
Olivier Clément nous dit : " Dans mon enfance, je n’avais entendu parler ni de Dieu, ni du Christ. Dans mon éducation, le mystère n'avait pas de place. Pourtant, très tôt les VISAGES me hantaient. Je sentais obscurément que quelque chose d'autre habitait en eux : d’ où venaient-ils ? D'où venait la lumière qui, par instant, les transfigure et les faits si beaux qu'on a envie de pleurer.
Le reste de l'univers m ' a apparaissait de plus en plus impersonnel, glacial, plus froid que la clarté qui tombe des étoiles. A seize ans, on est capable des plus profonds désespoirs de sa vie. J'avais résolu de me tuer, pétrifié par l'absence intérieure qui faisait déjà de moi un "mort vivant ".
Je suis monté dans le car qui devait me ramener en ville. Et j'ai senti, tout à coup, qu'on me regardait : quand on est vraiment "regardé", ça se pressent: ça fait comme une brûlure, ou comme une main posée sur votre épaule.
Une petite fille, de 4 ou 5 ans me regardait: je ne l'avais jamais vue et je ne l'ai jamais revue. Elle m'a souri... Et ce sourire a effacé le drame, il l'a balayé. Il m'a sauvé la vie. J'ai compris que la lumière venue de ces yeux-là ne pouvait pas mentir. Elle était plus réelle et plus vaste que l'océan des peines; elle parlait plus haut que l'aveugle silence du ciel noyé d'étoiles. L'océan intérieur de ces yeux-là était plus réel que la mort. Et leur promesse était de celles qui sont faites pour être tenues. Il devenait urgent de VIVRE.
Un sourire... un visage d'enfant: Il m'a sauvé la vie, dit Olivier Clément.
Chacun de nous peut se le dire: "Moi aussi, je suis regardé, je suis aimé, Dieu me regarde, Dieu m'aime. Il me le dit par son Fils Jésus, qui s'est fait l'un de nous.
Un malade, un grand malade me disait un jour, à l'hôpital: « Vous avez de la chance d'avoir la foi; moi, je n'arrive pas à croire ». Je lui ai répondu que ce n'était pas si simple d'avoir la foi. C'est un don de Dieu. Mais, de notre côté, il y a faire un saut dans le vide ... à faire confiance.
Ma foi repose sur cette expérience qu'ont faite douze hommes qu'on a appelé Apôtres. C'est un fait historique, l'existence de ces douze hommes qui ont fait confiance à un autre Homme, nommé Jésus. Il s'est dit l'Envoyé de Dieu. Il a parlé au nom de Dieu, q qu'il a appelé son Père. Tout ce qu'il a dit, tout ce q qu'il a fait, était marqué par l'amour. Il se savait aimé par son Père ... Et Il a donné sa vie pour nous. "Il n'y a pas de plus grand AMOUR que de donner sa vie pour ceux qu'on aime. Répondons à l'Amour par 1'Amour.
Ne nous lassons pas de regarder le Visage du Christ pour pouvoir crier nous aussi: "J'ai rencontré l'AMOUR".
L'Histoire de ma vocation d'aumônier à l'hôpital
Depuis des années, je me posais la question…
Il y a 20 ans déjà, l'Evêché avait demandé mon avis …
Mon objection: "Je ne connais pas assez bien la langue de Goethe".
En juin 1987, la question m'était posée une nouvelle fois. Et ce fut fait.
Je m'en suis réjoui, non sans crainte. Mais j'ai bien fait d'accepter ce ministère; les contacts avec les gens sont beaucoup plus nombreux qu'en paroisse.
C'est un ministère très délicat et parfois lourd à porter, avec le poids des souffrances à partager qu'il comporte. C'est également un ministère effacé.
L'hôpital, c'est tout un monde, un monde multiple, comme la vie. Toutes les classes sociales, toutes les nationalités, toutes les professions, tous les âges s'y coudoient. On y accueille de très pauvres gens et des accidentés illustres. L'aumônier essaie de témoigner à tous le même intérêt. On y rencontre toutes les mentalités, toutes les opinions, toutes les religions, comme des gens sans religion. La situation religieuse n'est plus ce qu'elle était jadis.
Il y a le personnel médical, soignant, administratif, ouvrier, hôtelier. Tous ensembles, nous sommes au service des malades, de leur santé physique, psychique, spirituelle. On vient à l'hôpital pour s'y soigner dans les meilleures conditions et souvent pour guérir.
Pendant longtemps, on a vu l'aumônier comme un prêtre souvent âgé ou malade, chargé d'administrer les sacrements (qui aujourd'hui sont beaucoup moins demandés, par exemple, la confession). Les sacrements ne sont pas liés à la mort. L'Onction des Malades, c'est la prière de l'Eglise demandant pour le malade le courage de vivre ce qu'il a à vivre dans la foi et l'espérance chrétienne.
Les visites: c'est l'essentiel de mon travail. Le vrai dialogue est difficile (proximité des lits, surdité, intubés, semi-comateux ... ceux qui ont perdu les pédales...). Avec tel malade, le contact sera très facile, avec tel autre, ce sera beaucoup plus difficile. Nous y faisons souvent des rencontres très sympathiques.
De quoi parle-t-on ? De la maladie de chacun, de ses problèmes familiaux, de religion, de foi, des changements dans l'Eglise, de la pluie et du beau temps. Tout cela requiert beaucoup de disponibilité, de psychologie, de l'équilibre, de la sensibilité... le sens de l'humain, parfois de l'humour. Savoir écouter, deviner... un simple regard ou le mutisme (flot de paroles).
Etre discret... Hélas, nous n'avons pas toutes les qualités que nous devrions avoir. L'aumônier fait ce qu'il peut, il donne le meilleur de son cœur. Il faut être vrai, être soi-même, être témoin de l'Evangile.
Témoignage d'un homme blessé
J'étais, il y a vingt ans, dans une période de déprime incontrôlable. Les nuits d'insomnies se succédaient sans relâche. Je ne voyais que la mort comme issue à ma douleur. Mais je n'avais pas la liberté de mourir. Un prêtre qui se donnerait la mort, ce serait le reniement de toute sa vie. Ce serait réussir le projet de Satan qui rêve de désespérer l'homme. Je me tournais vers Dieu, certes! J'allais de retraite en retraite, de monastère en monastère. Ma douleur s'amplifiait. Je craignais la folie. J'attendais un signe. Un ami m'avait prêté une cassette d'interviews de France Culture. Je l'écoutais en voiture au hasard d'un déplacement. C'était Jacques Lebreton qui parlait. Cet homme était aveugle et sans mains depuis quarante ans. Le timbre de sa voix était vivant, chaud, tonique! Cette voix parlait d'Espérance et elle était infiniment crédible. Chacune de ces deux infirmités multipliait le handicap de l'autre par dix. Aveugle, c'est atroce. Privé de mains également. Mais être aveugle et sans mains, cela n'a pas de nom.
Nombreux sont les parents qui demanderaient l'euthanasie pour un fils infirme à ce point-là! Or, il parlait des autres. Il s'émerveillait d'un homme aveugle et sourd pendant soixante années et qui disait: "J'ai eu une belle vie". Il ajoutait: "Il était au service des autres, il a aimé". Jacques Chancel l'interrogeait: "Les vraies aventures sont-elles spirituelles?" Il répondait: "Ah oui! Et comment!"
A travers lui, Dieu me rejoignait avec une puissance invraisemblable. Ainsi, c'était possible d'être encore uni à Dieu, comme un enfant qui s'abandonne, même lorsque tout ce qui nous retient à la vie s'est effondré! Devant le malheur, il était donc possible d'échapper à cette logique torturante: "Le destin me condamne. Dieu me rejette. Je n'ai plus aucun recours!"
Imaginons Jacques à vingt ans. Imaginons-le lorsque cette déflagration formidable a cassé sa vie en miettes … Dieu ne s'offusque pas de ses lamentations. Crier devant Dieu, c'est savoir qu'Il est là, qu'Il entend, qu'Il nous aidera…
Dieu qui a créé Jacques et qui l'aime à la folie, comme chacun de nous, a réussi à lui faire signe, à lui répondre à travers l'épaisseur de sa souffrance. La difficulté de Jacques, je suppose, fut de comprendre que Dieu n'y était pour rien. Ce n'est pas Dieu qui lui avait mis une grenade dégoupillée entre les mains. Ce n'était pas Lui qui avait inventé le fulminate de mercure et la poudre qui tue. Dieu ne sait inventer que la vie. Il n'avait donné aucun feu vert à son accident.
Devant notre monde en désarroi: que faire?
On divorce trop facilement. On se marie déjà en se disant: "Si ça ne va pas, on divorce". - Réfléchissez donc sérieusement avant de vous engager dans le mariage…
Mais, il y a aussi des situations réjouissantes: une jeune fille attendait un enfant. Son ami, le papa de cet enfant commençait sérieusement à goûter à la drogue. C'était un musicien amateur, mais très doué. D'autre part, il n'avait pas de métier, aucun apprentissage.
Quand cette jeune fille s'est confiée à moi, me disant son état de future maman, je lui ai dit: "Ne te presse pas pour te marier… Devenu papa, ce jeune homme va prendre ce rôle très au sérieux. Il se met à travailler. Il "adore" son enfant.
Un deuxième enfant voit le jour à son tour. C'est parfait: ses parents sont rayonnants de bonheur. Ils sont prêts à régulariser leur situation: mariage civil, mariage religieux. Tout va très bien, de mieux en mieux. Ces deux enfants sont rayonnants de bonheur. Mais c'est une heureuse exception. Quelle joie pour moi d'être reçu régulièrement dans ce foyer…
Mais combien d'autres enfants malheureux: mésentente, chicanes fréquentes…
Que faire? … Ecouter, accompagner, prier. Mais comment prier?
Frédérich Nietzsche écrit: "Si nous avions tant soit peu de piété, un Dieu qui guérit notre rhume en temps voulu ou qui nous fait monter dans la voiture au moment précis où l'averse se met à tomber, devrait nous paraître un Dieu si absurde qu'il faudrait Le supprimer même s'il existait. Un Dieu valet, un Dieu postier, un Dieu d'almanach…" Il est infantile de croire que Dieu a tout pouvoir pour arrêter le typhon devant la maison de celui qui a prié, pour repousser de quelques mètres le dérapage d'un chauffeur qui a pris soin de poser une effigie de Saint Christophe dans sa voiture, pour empêcher un virus d'exercer son action corrosive. (Patrice, mort accidentellement à 18 ans, avait sa chambre remplie d'images et de statues de la Sainte Vierge).
La prière est d'abord une écoute. Dieu nous parle le premier. L'écouter est la plus belle des prières. Nous lui répondons comme dans un dialogue avec un ami.
Vous avez de la chance d'avoir la foi
Pour lui donner un nom, je l'appellerai: Fidèle !
Il m'avait dit: "Vous pouvez venir me trouver, mais ne me parlez pas de la religion". C'est entendu !
Cinq semaines plus tard: "J'ai à vous parler", me dit-il … "Vous avez de la chance d'avoir la foi; moi, je n'arrive pas à croire". Je lui ai répondu que ce n'était pas si simple d'avoir la foi. C'est un don de Dieu. Mais, de notre côté. Il y a à faire un saut dans le vide … à faire confiance …
Ma foi repose sur cette expérience qu'ont faite douze hommes qu'on a appelés Apôtres. C'est un fait historique, l'existence de ces douze hommes qui ont fait confiance à un autre homme (mais quel Homme !) nommé Jésus. Il s'est dit l'Envoyé de Dieu. Il a parlé au nom de Dieu qu'Il a appelé son Père. Tout ce qu'Il a dit, tout ce qu'Il a fait, était marqué par l'amour. Il se savait aimé par son Père.
Mais alors … comment se fait-il que ce Père l'a abandonné ? "Père, pourquoi m'as-tu abandonné ?" Il l'a laissé mourir … sur une croix. Jésus pourra dire : "Il n'y a pas de plus grand Amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime".
Ce Père, l'a-t-il vraiment abandonné ? Non. "Ce Jésus que vous avez crucifié, dira Saint Pierre aux autorités responsables, Dieu l'a ressuscité". "Bienheureux celui qui croit sans avoir vu". Thomas, c'est vous, c'est moi, c'est nous tous : des gens qui veulent vérifier, contrôler : "Si je ne mets pas mon doigt, si je ne mets pas ma main" … On ne me remplira pas la tête.
"Dieu, personne ne l'a vu", disait une dame à un enfant du catéchisme. "L'abbé, il vous bourre la tasse". Il en est qui veulent voir pour croire. "Je ne te vois pas. Seigneur, de mes yeux de chair, mais, je crois en Toi, je crois à ton Amour pour moi qui donne sens à ma vie de tous les jours".
Ce saut dans la foi : Fidèle l'a fait, quelques jours avant de mourir. Il a accepté de recevoir le pardon de Dieu. Il a cru à son Amour pour lui, en le recevant dans l'Eucharistie. L'onction des malades l'a aidé à retrouver la paix.
Mais, attention ! … il y a rarement conversion, changement de vie au dernier moment. C'est toute notre vie qui nous prépare à bien mourir. L'éternité, c'est la Patrie de l'Amour : un apprentissage de tous les jours ! Et le passage se fera bien simplement.
Une autre histoire, racontée par Raoul Follereau, l'apôtre des lépreux :
"Nous voici dans une léproserie, en Côte d'Ivoire. Des hommes et des femmes seuls et abandonnés. Par eux, tout est déjà silence et nuit, sans plus aucune espérance à l'horizon … Pourtant, l'un d'eux – un seul, et c'est frappant – a gardé les yeux clairs. Il sait sourire encore et, quand on lui offre quelque chose, il sait dire "Merci". Bref, il est demeuré un homme. Alors, j'ai voulu connaître la raison de ce miracle : qu'est-ce donc qui le retenait à la vie ? Et je me mis à le surveiller de plus près.
Bientôt, je remarquai que, chaque jour à la même heure, cet homme-là se dirigeait vers le même endroit de l'enceinte. Alors, un visage y apparaissait par-dessus la palissade : un bout de visage de femme, qui souriait et le regardait avec tendresse.
La scène ne durait pas longtemps, parce que la force du bras de cette femme diminuait; et bientôt, le visage avait disparu. Mais l'homme restait là, ému de recevoir ce regard et ce sourire, qui était le pain de sa force et de son espoir. Puis, il recommençait son attente jusqu'au lendemain, à la même heure".
Décès de Louis-Richard, mon beau-frère.
Louis-Richard, mon beau-frère, que nous enterrons aujourd’hui et ma sœur Liliane, son épouse, ont eu 4 enfants, Jean-Pierre, Maurice, décédé, il y a un peu plus qu’une année, Denise et Marcel.
Autrefois déjà, la vie était plus dure pour nouer les deux bouts. Le petit domaine qu’ils avaient ne leur permettait pas de vivre. C’est pourquoi, la journée, Louis devait aller travailler à l’usine Pavatex.
Levé de bonne heure, le matin, il devait d’abord aller traire quelques vaches. Ensuite, Lili finissait le travail qu’il y avait encore à faire à l’écurie ; comme elle devait aussi, le soir, commencer à fourrager, avant que Louis, revenant de Fribourg, après son travail d’usine, continuait le travail à faire à l’écurie.
Grands travailleurs, tous les deux, ils ont su passer beaucoup de temps avec leurs enfants. Et c’est ce qu’il y a de plus précieux : du temps pour aimer.
Et voilé que Louis est allé rejoindre son fils Maurice, après de longues souffrances, comme ce fut déjà le cas pour Maurice. Lili, tu as été sans cesse présente avec toutes tes forces et ton amour infini, ta tendresse sans faille.
La prière vous aidé à tenir le coup, une grande foi… Admirable, ma chère sœur. Continue de nous montrer l’exemple de la confiance que tu as en Dieu, qui te donne cette force que tu nous montres, malgré les nombreux soucis de santé. Tes enfants sont là pour t’épauler, comme ils l’ont toujours fait et le feront encore.
Rencontre avec Pierre qui se disait incroyant.
"Je ne crois pas à l'existence de Dieu", me disait Pierre. Par ailleurs, j'ai appris que Pierre était un homme d'une droiture exceptionnelle. Il n'aurait jamais fait du mal à une mouche, comme l'on dit. Toujours prêt à aider les autres, à rendre service, dans son milieu de travail, au dire d'un de ses collègues. Appelé à son chevet, alors qu'il était mourant, je lui dis: "Pierre, me permettez-vous de faire une prière?" "Oui", me dit-il.
"Mon Dieu, je ne crois pas en Toi, mais si tu existes, fais-toi connaître à moi. Si tu existes, je suis sûr que tu es un Dieu bon, un Dieu qui veut notre bonheur." A ce moment, quelques larmes lui coulèrent sur les joues. J'ai cessé de prier. Mais j'étais dans l'admiration devant la vérité, la sincérité de cet homme, à la conscience si délicate. Quelques heures plus tard, Pierre est décédé. Il est allé, j'en suis sûr, rejoindre ce Dieu d'amour qu'il a servi dans ces frères, sans l'avoir connu auparavant.
Et pour ceux qui auront eu le bonheur de rencontrer, déjà ici-bas, Jésus-Christ, par son Evangile, cette Bonne Nouvelle qu'Il nous a apporté, leur bonheur sera infini, lorsqu'ils le verront face à face.
Nous découvrirons à ce moment combien Il était présent dans notre vie de tous les jours. Oh! Oui, sachons le rencontrer toujours mieux en lisant l'Evangile, en le méditant … et dans les sacrements qu'Il nous a laissés, qui réalisent sa présence, et dans les rencontres que nous faisons: "Tout ce que vous aurez fait au plus petit d'entre les miens, nous dit le Seigneur, c'est à moi que vous l'avez fait".
Mon rôle d'aumônier peut être bien facilité si je peux compter sur la collaboration du corps médical, des infirmières, infirmiers, pour autant qu'ils pensent à me signaler tel ou tel malade se trouvant bientôt en fin de vie, ou aussi de ce malade en voie de guérison, mais souhaitant un dialogue avec l'aumônier.
Aumôniers, nous sommes aussi disponibles à rencontrer qui que ce soit, malade ou bien-portant, qui souhaite une rencontre pour parler de ces soucis, de son avenir, de ses joies et de ses peines, ou de problèmes religieux qui sont les siens.
Mariage de Béatrice et de Marc
Une fille qui était seule, un jeune homme qui était seul : un jour, ils se sont rencontrés pour la première fois. Où était-ce ? Nous ne le savons pas. Mais pour eux, ça fait date dans leur vie. Où était-ce ? Nous ne le savons pas : sur terre, sur mer ou plutôt dans les airs ? EUX SEULS LE SAVENT : Mais ça fait tic…ça a dû les marquer, n’est-ce pas, Béatrice, n’est-ce pas Marc ?
Et aujourd’hui, vous voilà devant vos parents, vos témoins, vos amis. Vous allez faire alliance pour la vie, l’un avec l’autre. Devant le Seigneur, vous allez unir vos vies, pour vivre cette merveilleuse aventure qu’est le mariage, et parcourir ensemble le chemin que Dieu a prévu pour vous, respectant votre liberté, chemin du bonheur, de l’amour, si vous le voulez bien.
Vous avez choisi comme témoins des amis, Christelle et Stéphane, c’est important. Vous avez voulu être entourés de tant de monde qui représentent tous ceux et celles qui vous aiment, que vous avez rencontrés dans votre vie.
Et pour bénir votre mariage, vous m’avez demandez d’être le prêtre qui, au nom de l’Eglise, c'est-à-dire, de tout ce peuple, peuple de Dieu, réuni pour la circonstance, votre mariage. Merci, tout grand merci. C’EST POUR MOI UNE JOIE SANS PAREILLE : Depuis cette demande, que de souvenirs ont traversé mon esprit, je me suis rappelé la place que tu as prise dans ma vie, Béatrice, pendant les premières années de mon sacerdoce.
Pour votre mariage, comme première lecture, vous avez choisi un passage du Cantique des Cantiques. Pour Dieu, l’amour humain est bon, il contribue à la beauté du monde : « viens, ma toute belle, montre-moi ton visage et fais-moi entendre ta voix. » «Voici mon bien-aimé qui vient ».Cela vous rappelle les rendez-vous que vous vous êtes donnés. Que faisait celui qui attendait l’autre. Il regardait à travers la fenêtre, il guettait à travers le treillage.
Et Dieu, lui aussi, guettait votre joie, avec le sourire, car Dieu aime ceux qui s’aiment. Votre vie était toute changée. Et Dieu était tout à la joie de voir l’amour naître entre vous deux. Ce que vous échangiez entre vous devenait de plus en plus profond, car vous appreniez à vous connaître, à vous comprendre. C’était la confiance : « Mon bien-aimé, mon amie, ma toute belle, ma colombe, » Ce sont les mots du Cantique des Cantiques. Mon vœu le plus cher est que vous soyez heureux. Dieu vous a créés pour le bonheur, pour aimer, pour grandir dans cet amour que vous avez déjà l’un pour l’autre. Sans cesse, vous aurez à nourrir votre amour de votre tendresse et de votre vie intérieure. Un amour vrai et solide se construit tous les jours sur la fidélité, la confiance et la joie partagée.
Vous aurez à accueillir les enfants qui seront le fruit de votre amour. Vous aurez à les aimer, à les écouter, à les éduquer en les aidant à devenir adultes dans leur vie humaine et chrétienne.
Que votre travail soit au service de votre prochain, ouvrez la porte de votre maison à ceux qui comptent sur votre amitié. Mettez la joie là où il y a la tristesse. C’est en faisant le bonheur des autres que vous ferez votre propre bonheur.
Jésus nous dit : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Je vous dis cela pour que ma joie soit parfaite. » Vivez jour après jour le oui que vous allez vous dire l’un à l’autre. Vous n’êtes pas seuls ; il y a l’affection de vos parents ; il y a Dieu qui s’engage dans tout mariage ; c’est là votre confiance ; l’amour de Jésus fait vivre.
Maurice Zundel
Grâce à Maurice Zundel, je découvre en faisant comme une rétrospective de toute ma vie, combien chaque être humain, à côté d’une religion communautaire à laquelle il est appelé à être fidèle, a un besoin vital d’avoir une religion personnelle, où nécessairement il fera la rencontre de Dieu.
Si je pense à mon enfance, je me rends compte combien mon papa rencontrait Dieu dans ce qui comptait le plus pour lui, c’était de contenter tout le monde avec son travail. Il était forgeron, amoureux de son métier. Quelle joie pour lui de ferrer un cheval ! Il y mettait le plus grand soin. Les paysans le reconnaissaient, c’était du travail bien fait. Il était devenu un excellent forgeron, grâce à l’armée, grâce à l’école de maréchal. C’était comme une deuxième école de recrue.
Nous sommes appelés à trouver Dieu surtout en faisant le mieux. C’est chacun de savoir ce qui fait battre son cœur, ce qui l’émerveille et l’enthousiasme.
Avant le grand rendez-vous :
A vous toutes et à vous tous, à qui je n’ai pas su dire combien je vous aime.
Je demande à l’Esprit saint de m’éclairer pour vous dire mes sentiments les plus profonds, l’amour que je vous porte. Et Dieu est AMOUR ! Ce Dieu, je le vois dans chaque être humain que je rencontre. Je pense tout spécialement à X si accueillant. Ah ! S’il pouvait comprendre que c’est Dieu lui-même qu’il accueille, ce Dieu dont il (X) est tant aimé…
« Une vieillesse agréable » me direz-vous ! Bien d’accord ! Tout n’est pas si rose cependant. Il faut bien accepter d’être suivi par un médecin. C’est dire que les médicaments ne manquent pas. Le manque de souffle m’empêche de marcher autant que par le passé avec les copains du lundi.
Fini les jérémiades si je pense aux souffrances qu’endurent de si nombreuses personnes à travers le monde. Les nouvelles que j’écoute le soir, à la télévision, m’en donnent une petite idée.
Et Dieu dans tout cela ? Voilà ce que j’entends parfois. Et ça me fait mal. « Dieu n’y est pour rien. » Bien au contraire. Il respecte tellement notre liberté, ce bien si précieux qu’il nous donne. Qu’en faisons-nous ?
J’aurai bientôt 80 ans.
J’aime encore la vie et pourtant je pense souvent à la mort. Elle viendra ; c’est inévitable… quand tu voudras, Seigneur. Elle ne me fait pas peur. Tu es mon père ; je suis ton enfant. En toute confiance, avec Charles de Foucauld, je te prie :
« Mon père, je m’abandonne à toi, fais de moi ce qu’il te plaira. Quoi que tu fasses de moi, je te remercie. Je suis prêt à tout, j’accepte tout. Pourvu que ta volonté se fasse en moi, en toutes tes créatures, je ne désire rien d’autre, mon Dieu. Je remets mon âme entre tes mains. Je te la donne, mon Dieu.
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Famille Stoeckli |
Avec tout l’amour de mon cœur, parce que je t’aime, et que ce m’est un besoin d’amour de me donner, de me remettre entre tes mains, sans mesure, avec une infinie confiance, car tu es mon père ».
Un exclu de la société
« Heureux les pauvres, le Royaume des cieux est à eux » : Je n’étais pas encore curé, mais seulement vicaire. J’ai rencontré un homme vivant seul, pauvre comme Job, un exclu de la société. Comment en était-il arrivé là ? Je ne sais pas. Il s’enfermait chez lui. Seul, les voisins, sans pouvoir entrer dans sa maison, lui apportaient à manger, un frugal repas, chaque jour. Il restait chez lui, sans jamais sortir de sa maison, porte et fenêtres toujours fermées. Un soir d’été, je passe devant sa petite maison. La porte et les fenêtres étaient ouvertes. Timidement, je demande à entrer, disant qui j’étais : le vicaire de la paroisse. Tout heureux, il me laisse entrer. Dans la chambre, un vieux lit, pas de draps. Lui-même était chaussé de vieux souliers, sans chaussettes, portant de vieux pantalons, un paletot, mais pas de chemise.
J’ai appris, les jours suivants, qu’il n’avait jamais accepté que la commune fasse quelque chose pour lui. Il sera le premier à me parler de religion, me disant : « Je ne peux pas aller à la messe », « je comprends », lui ai-je dit, et j’ajoute : « Est-ce que vous priez ? » « Oui », me dit-il tout ému. « Eh bien, continuez ». Et de me remercier bien chaleureusement !
Quinze jours plus tard, pas de réponse à ses voisins, venant lui apporter son repas. La police avertie l’a trouvé par terre, près de son lit. Il était mort.
Et j’ai pensé au bonheur qui devait être le sien, lorsque le Seigneur le reçu, bras ouverts.
Patrice
Décès de Patrice, mon petit neveu Patrice était un beau garçon, gentil, intelligent. Ses parents, sa maman surtout, entretenaient les plus beaux rêves, concernant son avenir.
A 18 ans, il reçoit son permis de conduire. Ses parents lui offrent sa première voiture. Il n’en profitera que quelques mois.
Un soir, avec un ami qui a aussi sa première voiture, ils se donnent rendez-vous au garage du village voisin. Que s’est-il passé ? Pas de témoins ! Les deux voitures se sont tamponnées à très vive allure, pense-t-on. L’ami de Patrice, grièvement blessé, a été un mois dans le coma. Revenu à lui, il avait oublié ce qui s’était passé.
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Patrice |
Patrice était mort et enterré. La souffrance de sa grande sœur, Marylise, de ses parents et surtout de sa maman, qui est ma nièce, est indicible.
La Flatière
Chaque année, depuis quatre ans, j’ai fait ma retraite à la Flatière. C’est un endroit merveilleux, dans la montagne à 1400 m d’altitude, en face du Mont Blanc. C’est un site qui offre un cadre de silence et de recueillement d’une rare qualité. Différentes bâtisses, genre chalets, sont reliées les unes aux autres, grâce à des passages souterrains. Ils sont d’une grande utilité pour les déplacements en cas de pluie ou durant les mois d’hiver.
La retraite que j’ai suivie cette année 2010 du 12 au 18 juillet était prêchée par Monseigneur
Jean-Paul James : « Car je suis doux et humble de cœur. » Mt 11,29.
Nous étions 180 participants à cette retraite, tous décidés à la vivre dans le silence, condition indispensable demandée aux participants de chaque retraite.
Que de souvenirs !
Rencontre avec des gens devenus de vrais amis. Aujourd’hui,14 février 2010, j’ai dit la messe à la chapelle de l’hôpital cantonal. La messe terminée, je suis allé visiter Annick, hospitalisée depuis plus d’une semaine. Rien de bien grave. Mais quelle joie de la revoir ! Que de beaux souvenirs me sont revenus ! C’était en 1974, à Orsonnens, Annick avait quatre ans. Un jour, au début de l’après-midi, elle arrive à la cure : « Monsieur le curé, je viens vous trouver » J’avais, heureusement, en réserve quelques Choquitos. Je lui en ai donnés bien sûr. Mais… les jours suivants, Annick revenait, vois voyez pourquoi ? Et puis, le temps a passé. En automne 1987, j’étais aumônier à l’hôpital cantonal. Annick a dix-sept ans. Je reçois un coup de téléphone de sa maman qui me dit : « Ma fille souhaiterait revoir ce curé qui, autrefois lui donnait des Choquitos ». « Oh, venez vite ça me ferait vraiment plaisir de la revoir ». « Brave petite Annick, tu as bien grandi, tu es gentille de venir me voir. Et nous nous sommes revus avec plaisir.
Plus tard, Annick m’a demandé de bénir son mariage. J’ai aussi baptisé ses deux petites filles, Morgane et Fanny.
Aujourd’hui quelle joie de revoir Annick. Etant prêtre, j’ai renoncé à fonder une famille, mais de nombreuses familles sont devenues des amies très chères. Joie pour moi d’avoir béni plusieurs couples, baptisé leurs enfants, et même parfois béni le mariage de ces enfants.
J’étais curé de Neirivue quand une maman, dont j’avais béni le mariage plusieurs années auparavant, me téléphone en me disant que sa fille Sandra désirait faire connaissance avec le curé qui l’avait baptisée. « Venez donc le plus vite possible. » Sandra était devenue une grande et belle femme. Et cette maman s’adresse à sa fille : « Maintenant que tu as rencontré le prêtre qui t’a baptisée, dit-lui ce que tu as à lui dire. » Et c’est fait, j’ai eu le bonheur de bénir le mariage de Sandra.
Au début de cette année, avec leurs vœux, Sandra et Michel m’ont envoyé la photo de leurs quatre enfants.
Après tout cela, n’allez pas me dire que je suis un prêtre souffrant de la solitude. Les plus grandes joies que j’ai eues comme prêtre, c’est bien sûr dans ma famille que je les ai vécues, à l’occasion des mariages et ensuite des baptêmes, ceux des enfants de mes frères et sœur.
Joie bien grande aussi d’avoir baptisé les petits enfants de Guy, ami d’enfance du Mouret, ce sont Eva et Vincent.
Par ce que je vous AIME
Depuis plusieurs années, Michel insiste pour que je mette par écrit les souvenirs de ma vie.
Je les dédie à vous que j’ai rencontrés sur ma route, dans mon enfance, ma jeunesse et plus tard dans les paroisses ou j’ai exercé mon ministère et surtout à l’hôpital cantonal de Fribourg où j’ai passé les plus belles années de ma vie, grâce aux nombreuses rencontres que j’ai eues, auprès des malades et des bien-portants.
Pensez à moi, vous aussi que j’ai accompagnés avant que vous quittiez cette vie pour la vie éternelle où nous nous retrouverons auprès de ce Dieu d’Amour que j’ai essayé de vous révéler.
Photos
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